Commentaire d’une lectrice du livre de Mme Victoire Ingabire Umuhoza
Je viens de finir le livre “Entre les 4 murs du 1930”, de Victoire Ingabire cheffe du parti de l’opposition FDU-Inkingi emprisonnée au Rwanda pour plusieurs crimes dont celui de propagation de l’idéologie génocidaire, de négationnisme du génocide rwandais perpétré contre les Tutsis en 94, de divisionnisme, de terrorisme et j en passe.
Je dois avouer que j ai toujours été sceptique quant à son initiative de retourner au pays en 2010 mais en lisant ce bouquin je suis obligée de reconnaître la grandeur de l’être humain qu’elle est. Je suis admirative de son courage, de sa force mentale, sa détermination et surtout de son impressionnant sens de la réparti. Je suis également épatée par la bonté qui l’anime malgré la situation (désespérée) dans laquelle elle se trouve.
Dans la première partie du livre, elle pose le cadre de son arrivé au Rwanda. On découvre une femme déterminée, sûre d’elle et de la cause qu’elle défend, une femme forte et qui a beaucoup d’espoir en la Justice rwandaise, tout ça sur un fond d’une douce naïveté. Mais très vite elle réalise/comprend qu’elle est prise dans un piège de manipulations, de mensonges énorme duquel elle ne peut malheureusement pas/plus se défaire sans vendre son âme.
A ce stade, j’ai interrompu ma lecture perplexe, voire anxieuse et je me suis demandée comment on fait pour tenir bon lorsqu’ on réalise que tous les éléments se retournent contre nous et que quoique l’on fasse on est condamné.
J ai tout de suite pensé aux séries américaines du style Prison break, Homeland ou 24h chrono avec les jeux de manipulations, de détournement de la vérité, etc. Bref, je ne voyais pas comment on fait. Comment elle fait. Tu fais comment bordel?
Et soudainement ça m’est apparu comme une évidence, j’ai regardé ce livre que je tenais entre mes mains et j ai compris. On écrit. On prie et on écrit. Elle a écrit. Cette réponse m’a rassurée car l’espace d un instant j’avais oublié le pouvoir de l’écriture, ses vertus thérapeutique et libératrice.
Bah oui. On écrit tout simplement. En réalisant cela, j ai vite été convaincue que ce livre allait faire du bruit. Beaucoup de bruit. Il s’agit d un récit simple, brutal et insolent, un récit dérangeant d’une prisonnière politique injustement condamnée qui dépeint le fin-fond du fonctionnement pervers et sans scrupules du système juridique rwandais, un système qui est fort politisé. Une prisonnière qui est animée par une grande foi en la Justice, en la Démocratie et en la lutte pacifiste et enfin en l’Humanité. Tout au long du récit cette foi ne la quitte jamais et surtout elle est consciente de l’énorme responsabilité que cela représente d’être le chef d’un parti de l’opposition sorti de l’exil pour faire entendre la(les) voix étouffée(s) du peuple rwandais. Elle doit tenir bon. Garder l’espoir car beaucoup de gens se reposent sur son courage.
Cela fait 5 ans maintenant qu’elle est en prison et elle passera probablement beaucoup de temps encore “entre les 4 murs du 1930” (car condamnée à 15 ans d’emprisonnement) mais à travers ses mémoires elle nous décrit avec finesse le déroulement absurde de son procès, l’acharnement avec lequel les autorités du pays cherchent à la faire croupir en prison. Elle parle avec force au Monde et réclame justice! Plus moyens de faire l’autruche désormais!
Les faits sont les faits. Et les faits ne mentent pas.
Assurément au moment où j’écris je pense que je suis moins sceptique car j’ai compris son acte et son courage fait écho en moi, il résonne comme un espoir, cet espoir que (inconsciemment) j’attendais désespérément.
Voilà je voulais partager avec vous ce délicieux ressenti que j’ ai eu en dévorant ce livre. Et vous aussi lisez le et interrogez-vous. Lisez-le, et indignez-vous. Lisez-le, et retrouvez la foi.
K-mimi Chérie
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